Comment la réglementation vient appuyer le développement des matériaux biosourcés
24 juin 2024
Le projet BioImpulse, démarré en 2019, vise à remplacer les résines/colles à base de formaldéhyde par une nouvelle résine sans substance préoccupante (SVHC). Grâce au développement d’une molécule d’intérêt biosourcée, ce projet ouvre de nouvelles applications aux biotechnologies dans des marchés comme l’automobile ou la construction. FCBA, un des partenaires du projet, est le centre technique des filières forêt-bois et ameublement. De ce fait, les développements et essais sont réalisés pour des éléments bois tel que le contreplaqué.
La définition des produits biosourcés selon la norme EN 16575 les identifie comme des produits en tout ou en partie issus de la biomasse, excluant les matières géologiques et fossilisées. Ce concept se concentre principalement sur la biomasse végétale. Il n’y a pas d'exigence quantitative spécifique pour qualifier un produit de « biosourcé », mais la communication sur la teneur en biomasse ou en carbone biosourcé peut être un moyen de se distinguer. Cette dimension « carbone » est particulièrement intéressante car elle est liée à l’impact sur le changement climatique.
Avantages des produits biosourcés
Les avantages des produits biosourcés résident principalement dans leur capacité à séquestrer du carbone biogénique, provenant de la photosynthèse des plantes et à le maintenir hors de l’atmosphère pendant la durée de vie du produit. De plus, ces produits offrent des avantages en termes de substitution énergétique et matérielle, remplaçant respectivement les sources d’énergie fossile et les matériaux nécessitant davantage de ressources et d'énergie pour leur fabrication. Ces substitutions sont cruciales dans la lutte contre le changement climatique, en réduisant l'empreinte environnementale des produits.
Les biosourcés dans la construction
Dans le secteur de la construction, l’intégration de produits biosourcés pouvait déjà être valorisée, notamment grâce au label « Produit biosourcé » de Karibati (applicable aux produits de construction) ou au label « Bâtiment biosourcé » de l’État (applicable aux bâtiments neufs). L’obtention de ces labels était cependant uniquement le fruit d'initiatives volontaires.
Sur le plan réglementaire, la RE2020 s’applique aujourd’hui en remplacement de la Réglementation thermique 2012 (RT2012). La RE2020 n’exige pas directement l’utilisation de matériaux biosourcés dans la construction. Cependant, elle introduit de nouveaux indicateurs, notamment « IC construction », qui représente l’impact sur le changement climatique du bâtiment. Pour être conforme, cet indicateur doit être inférieur à une valeur seuil, qui varie selon le type de bâtiment. Ces seuils sont amenés à diminuer dans le temps, reflétant ainsi une réglementation environnementale de plus en plus exigeante.
L’indicateur IC construction est calculé selon l’impact sur le changement climatique de tous les produits de construction et équipements, ainsi que leur mise en œuvre dans le bâtiment. Ce calcul s’appuie en grande partie sur les données environnementales présentes dans les FDES (Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire) des produits de construction . Les FDES présentent leurs impacts, notamment ceux sur le changement climatique, et sont réalisées en appliquant la méthodologie de l’Analyse de cycle de vie (ACV), permettant ainsi de valoriser les atouts des produits biosourcés évoqués plus haut. Le respect des seuils imposés par la RE2020 pourrait avant tout passer par l’introduction de matériaux de construction biosourcés dans les bâtiments.
L'intégration de matières biosourcées dans les produits, en dehors du secteur de la construction, pourrait également devenir réglementaire avec l'essor de l'affichage environnemental. Ce dernier devrait progressivement être étendu à différents secteurs, incitant les entreprises à réduire l'impact environnemental de leurs produits pour se démarquer sur le marché.
En conclusion, l'intégration de matières biosourcées dans les produits offre des avantages environnementaux et répond à une demande croissante des consommateurs, tout en s'alignant sur les objectifs de durabilité des politiques publiques.